Remaniement ministériel « Beaucoup de bruit pour un exercice somme toute assez cosmétique »

10 septembre 2025

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) prend acte des différentes nominations au sein du Conseil des ministres, tout en rappelant qu’il reste peu de temps avant la prochaine élection.

« Ce n’est pas comme si on pouvait dire qu’on laisse la chance au coureur. Peu importe le porteur de dossier, si les orientations politiques et stratégiques du gouvernement demeurent les mêmes, ce sont encore des mois difficiles qui nous attendent. Et franchement, ça ne sert pas les Québécoises et les Québécois. C’est la vision politique usée de François Legault qui est en jeu, et c’est ce que reflètent les sondages », de réagir à chaud le président de la CSQ, Éric Gingras.

« Mais peu importe le porteur de dossier, s’ils ne sont que le relais des orientations du gouvernement qui émanent du bureau du premier ministre, les mois à venir seront difficiles », s’inquiète Éric Gingras.

« À la CSQ, nous avons fait la démonstration à de nombreuses reprises que nous sommes en mode action et solution. Cela étant dit, les récentes déclarations publiques de François Legault à l’égard des organisations syndicales ne sont pas de bon augure. Nous espérons sincèrement qu’il ne cherche pas à affronter les syndicats pour tenter de remonter dans les sondages. Jouer la carte populiste et museler le contre-pouvoir et la critique pour mousser sa popularité en vue des élections, ce serait une grave erreur. Rien de tout ça n’était d’ailleurs dans sa campagne en 2022. C’est peut-être dans l’ADN de la CAQ, mais pas dans celui du Québec. »

Éducation : des bases de confiance, mais beaucoup de travail à faire

« Il y a une relation de confiance et de respect qui s’est établie avec Sonia Lebel pendant les négociations du secteur public. On verra pour la suite des choses, mais en éducation comme ailleurs, si la ministre n’est que le relais du bureau de François Legault, ça ne sera pas simple. Et un an, c’est très court compte tenu des besoins du réseau. Nous serons prêts à discuter des dossiers avec elle dès que possible », insiste Éric Gingras.

Les signaux en provenance des milieux sont clairs : les chamboulements et les projets de loi multiples, les coupes et la gestion à la pièce des deux dernières années ont éreinté le réseau d’éducation. La CSQ rappelle que la valorisation et le respect de l’expertise du personnel par la nouvelle ministre constituent un élément crucial.

« On rappelle que c’est madame Lebel qui a imposé les gels d’embauches dans les réseaux scolaire et collégial. On a hâte de voir ses réactions quand elle verra concrètement comment ces compressions se traduisent dans les milieux et quels impacts ils ont sur les services au bout du compte. »

Égalité des chances, mixité scolaire et sociale, services aux élèves à besoins particuliers, attraction et rétention du personnel, composition de la classe, organisation des services et leur mode de financement, sous-traitance, précarité, etc. Qu’est-ce qu’on veut pour l’école de demain? La CSQ réitère sa demande de tenir une grande réflexion collective sur l’éducation et rappelle qu’elle est déjà à pied d’œuvre pour bâtir une plateforme et proposer des solutions.

Enseignement supérieur : des ponts à rebâtir

La nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, Martine Biron, aura du pain sur la planche pour reconstruire un espace de dialogue avec tous les partenaires, y compris les organisations syndicales.

La CSQ rappelle que les compressions de 151 millions $ dans le réseau pour cette année sont toujours en vigueur et que les impacts minent les troupes durement, dans l’indifférence du gouvernement.

« Ce gouvernement ne comprend pas à quel point le collégial, que ce soit en formation préuniversitaire, technique ou continue, constitue un maillon essentiel pour préparer le Québec de demain. Délaisser le réseau collégial, c'est manquer de vision stratégique. On espère plus de leadership avec cette nomination. »

Famille, Santé, Conseil du trésor et Travail

Le maintien de Christian Dubé au ministère de la Santé n’est pas une surprise. La CSQ y voit surtout la continuité des orientations de ce gouvernement. Les avantages de la création de Santé Québec ne sont toujours pas probants et la Centrale continuera de se battre contre le privé en santé. 

Au ministère de la Famille, la CSQ souhaite que la nouvelle ministre Kateri Champagne-Jourdain veille au développement du réseau de façon cohérente, en phase avec les besoins du terrain, mais surtout en mettant de l’avant toute l’importance du réseau public. Il y a des défis, quant à la reconnaissance des services éducatifs à la petite enfance comme premier maillon de l'éducation et des intervenantes (RSE et CPE) pour le travail éducatif de première ligne qu'elles font.

Au Travail, la Centrale rappelle que Jean Boulet a été le maître d’œuvre du PL 89. Et avec les orientations que prend François Legault et ses intentions annoncées d’ouvrir un front avec les syndicats, on espère que le dialogue social guidera les réflexions et les actions du ministre qui demeure en poste. La nomination de France-Élaine Duranceau au Conseil du trésor constitue une surprise. Ses déclarations passées et son manque de sensibilité font certes sourciller.

« C’est un jeu de chaise musicale… un brassage de cartes, avec les mêmes cartes. C’est la raison pour laquelle nous pensons que ce remaniement fait beaucoup de bruit pour un exercice somme toute assez cosmétique. »

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Profil de la CSQ

La CSQ est la plus importante organisation syndicale en éducation au Québec. Elle représente des membres dans toutes les catégories d’emplois, de la petite enfance à l’enseignement supérieur, en passant par tout le réseau scolaire.

La Centrale rassemble 225 000 membres; elle compte 11 fédérations qui regroupent quelque 240 syndicats affiliés, auxquels s’ajoute l’AREQ, le mouvement des personnes retraitées CSQ. Elle est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications