La ministre Déry doit s’engager davantage pour la réussite étudiante

24 février 2025

Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ

Profondément préoccupés par la réussite des étudiantes et étudiants dans notre réseau collégial, nous souhaitons réagir aux propos de la ministre de l’Enseignement supérieur concernant les résultats du palmarès publié dans les pages du Journal de Montréal . Bien que critiques envers cet exercice de classement, nous partageons avec Pascale Déry certaines inquiétudes, notamment celles touchant les écarts persistants entre les garçons et les filles. Cependant, il est impératif d’aller au-delà des constats et d’agir concrètement pour assurer un soutien durable à la population étudiante. Cela passe nécessairement par le maintien et le renforcement des mesures déjà en place. Or, loin de s’engager dans ce sens la ministre Déry semble nous préparer au pire.

Nous l’interpellons donc afin qu’elle s’engage à reconduire le Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur (PARES), qui a permis, depuis 2021, d’implanter des mesures essentielles comme celles qu’elle nomme : les camps pédagogiques, le tutorat et les centres d’aide à la réussite. Ces initiatives ont démontré leur utilité, et il serait irresponsable de les abandonner alors que les besoins demeurent criants. Ces programmes nécessitent un financement pour continuer à produire des effets positifs sur la diplomation et la persévérance scolaire.

Nous sommes déjà en train de subir des reculs inquiétants, notamment avec la fin du financement de l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (ORES) annoncé récemment. Il serait inacceptable que cette tendance se poursuive avec la fin du PARES ou, pire encore, avec une diminution des dépenses de fonctionnement dans le prochain budget! Couper davantage serait une catastrophe annoncée alors qu'en ce qui concerne les infrastructures, l’austérité est déjà en marche.

Vous affirmez que de « belles choses » ont été mises en place pour soutenir la réussite éducative et qu’il faut continuer à innover. Sachez que dans le réseau collégial, nous innovons depuis des décennies. Mais ces changements ne peuvent exister sans ressources. Sans financement adéquat, les bonnes idées restent la plupart du temps lettre morte.

Pour conclure, rappelons qu’il est essentiel d’adopter une vision globale et ambitieuse de l’éducation. La réussite au cégep se joue également dans le cursus antérieur des jeunes et est influencée par l’ensemble de leur parcours éducatif. Si nous savons que la moyenne générale au secondaire est le meilleur indicateur de la réussite collégiale, alors il faut s’attaquer aux inégalités à la source et mettre notamment fin à une école à trois vitesses qui nuit à la réussite du plus grand nombre.

Nous vous appelons donc à agir avec cohérence et responsabilité. L’éducation doit être une priorité, non un simple poste budgétaire ajustable au gré des restrictions financières. Nous serons d’ailleurs présents à Québec aux côtés des étudiantes et étudiants de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) qui seront dans la rue pour revendiquer le réinvestissement des sommes récupérées à la suite de l’annulation des bourses Perspective Québec.

Madame la Ministre, l’heure n’est plus aux hésitations. Nous devons poursuivre les efforts engagés et garantir à nos étudiants les conditions de réussite qu’ils méritent. La FEC-CSQ restera mobilisée pour s’assurer que l’enseignement collégial reçoive l’attention et les ressources qu’elle exige.