Défendons la présence des étudiants internationaux dans nos cégeps

4 novembre 2024

Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ

La présence d’étudiantes et d’étudiants internationaux dans nos cégeps est une richesse pour le réseau collégial québécois. En tant que président de la FEC-CSQ et enseignant au Cégep de Rivière-du-Loup, je tiens à souligner leur contribution essentielle, particulièrement en région. 

Le projet de loi n°74, actuellement à l'étude, propose un encadrement plus strict pour accueillir cette population étudiante et risque d’entraîner des effets indésirables. Or, l’apport de ces étudiantes et étudiants est crucial, autant pour la viabilité de certains programmes que pour la vitalité des communautés locales. Lors de ma présence en commission parlementaire, j’aurai l’occasion de défendre cet enjeu crucial pour nos institutions qui garantissent l’accessibilité à l’enseignement supérieur sur l’ensemble du territoire. 

Ces jeunes contribuent en effet de manière significative à l’enrichissement culturel et intellectuel de nos campus. Ils favorisent l'ouverture sur le monde et stimulent la diversité des échanges. Au-delà des salles de classe, leur présence enrichit les perspectives des autres cégépiennes et cégépiens, développe les compétences interculturelles et élargit les horizons professionnels. 

On ne peut nier que les cégeps profitent des retombées positives d’une présence internationale. Leur impact se fait sentir bien au-delà des murs du collège. Leur intégration dans les milieux de stage et dans les entreprises locales dynamise notre tissu économique, créant des liens entre la formation et le marché de l’emploi régional. Cette interaction est bénéfique à la fois pour les employeurs, qui trouvent ainsi une relève qualifiée, et pour toute la population dans son ensemble. À l’échelle provinciale, les étudiantes et étudiants internationaux apportent chaque année environ 3,8 milliards de dollars à l’économie du Québec, et leur présence soutient directement ou indirectement plus de 47 700 emplois dans la province. Ce sont des chiffres significatifs, qui démontrent clairement leur importance pour l’économie locale et provinciale. 

Les récentes actions du gouvernement en matière d’immigration déstabilisent abruptement tous les efforts mis sur le recrutement au cours des dernières années. Bien que la volonté de réduire la pression sur certains services publics et sur le marché du logement soit légitime, la solution proposée n’est pas la bonne. Des mesures récentes, comme l’encadrement des collèges privés non subventionnés, ont déjà permis de réguler l’arrivée d’étudiantes et étudiants internationaux, en particulier dans les attestations d’études collégiales (AEC), où les inscriptions avaient connu une forte hausse dans la dernière décennie. Depuis 2021, ces mesures ont contribué à stabiliser la situation et à recentrer les admissions internationales vers les établissements publics, favorisant ainsi un certain équilibre dans les réseaux d'enseignement. 

Enfin, ces jeunes, souvent issus de pays francophones, choisissent le Québec pour ses formations de qualité et l’opportunité d’intégrer un milieu francophone. Leur parcours dans nos cégeps les prépare à intégrer durablement notre société et à participer activement à la vitalité de la langue française au Québec. Plutôt que de restreindre leur admission, nous devons considérer les étudiantes et étudiants internationaux comme une force pour le Québec. Au lieu d’imposer des restrictions, une stratégie plus prometteuse consisterait à soutenir leur intégration, notamment par des initiatives favorisant le logement étudiant en région, ou encore en consolidant les services de francisation. 

La présence de cette jeunesse cosmopolite dans nos cégeps représente une opportunité de développement incontournable pour les régions québécoises et pour la société tout entière. J’inviterai donc nos élu(e)s à privilégier une approche positive, qui valorise et soutient ces jeunes venus d’ailleurs, et qui concoure à bâtir un Québec plus dynamique et plus ouvert.