Liberté académique : la FEC-CSQ demande l'extension des dispositions législatives aux cégeps

7 juin 2024

 À l'occasion du deuxième anniversaire de l'adoption de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire, la Fédération de l'enseignement collégial (FEC-CSQ) appelle à une reconnaissance complète des cégeps en tant qu'établissements d'enseignement supérieur, avec l'application des mêmes exigences légales que les universités.

« La liberté académique reste un sujet brûlant d'actualité dans nos milieux de travail bien que l'on n'en entende relativement peu parler publiquement. Selon les membres de notre fédération, il est crucial que nous agissions maintenant pour clarifier la situation dans le réseau collégial », de déclarer Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ.

Des mécanismes insuffisants pour les cégeps

Malgré l'existence d'une clause dans la convention collective des enseignantes et enseignants de cégep, la FEC-CSQ estime que les mécanismes prévus dans la loi sont plus complets. « L'obligation d'adopter une politique, de mettre en place un comité et le droit de critiquer son institution, prévus dans la loi, offrent une protection plus solide que ce qui est actuellement en place pour le personnel enseignant du réseau collégial », d'ajouter Youri Blanchet.

Sondage FEC : des préoccupations partagées entre les cégeps et les universités

Un sondage réalisé par la FEC, reprenant les questions de la Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire (rapport Cloutier), démontre que les professeur(e)s de cégeps partagent les mêmes préoccupations que leurs homologues universitaires en matière de liberté académique.

  • Connaissances au sujet de la liberté universitaire :
    58 %
     des professeur(e)s d'université interrogés affirment ne pas savoir si leur établissement possède des documents officiels assurant la protection de la liberté universitaire.

    Cette proportion est de 56 % pour le personnel enseignant au collégial.
  • Expérience avec la censure :
    Seulement 60 % des professeur(e)s d'université interrogés affirment ne s'être jamais censurées en évitant d'enseigner un sujet en particulier.

    Cette proportion est de 51 % chez le personnel enseignant au collégial
  • Opinion sur la liberté académique :
    82 %
     des professeur(e)s d'université interrogés considèrent que les membres du corps professoral devraient pouvoir utiliser tous les mots qu'ils jugent utiles à des fins universitaires.

    Cette proportion est de 87 % chez le personnel enseignant au collégial.

Formation et sensibilisation : une nécessité

La popularité des formations sur l'utilisation des mots sensibles dans les cégeps démontre bien les préoccupations corroborées par le sondage FEC. « Il ne s'agit pas de se plaindre en disant qu'on ne peut plus rien dire, mais de revendiquer que les compétences professionnelles des profs, qui leur permettent de déterminer les savoirs à enseigner selon les objectifs pédagogiques, soient mieux reconnues. Si cela peut parfois déranger, ce n'est pas une raison suffisante pour se censurer. La mission éducative doit primer », de préciser le président de la FEC-CSQ.

L'objectif de la FEC-CSQ n'est pas de dénoncer des situations spécifiques actuelles, mais de clarifier le cadre d'exercice de la liberté académique et les devoirs et responsabilités des différents acteurs du réseau. Pour ces raisons, les représentantes et représentants des syndicats membres réunis en instance le 30 mai dernier, ont adopté un énoncé de principe sur la liberté académique qui sera diffusé dans les établissements à la rentrée automnale. « N'attendons pas qu'une affaire similaire à celle de la professeure Lieutenant-Duval fasse les manchettes pour agir », conclut Youri Blanchet.

Lire l'article publié dans le journal Le Devoir >>
« Appel à un encadrement légal de la liberté d'enseignement dans les cégeps»