« Un budget plombé par les baisses d’impôt »

21 mars 2023

« Sans surprise, le gouvernement a fait le choix d’aller de l’avant avec sa promesse électorale de baisses d’impôt, de loin la mesure la plus coûteuse du budget 2023-2024. Dans un contexte de finances publiques solides, il aurait fallu miser sur l’avenir et investir davantage dans les réseaux publics au lieu d’adopter une mesure à courte vue comme les baisses d’impôt. C’est dommage, parce qu’il s’agit d’un choix politique qui aura pourtant des conséquences à plus long terme », d’indiquer le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, en réaction à chaud au budget du Québec 2023-2024.

Malgré le fait que le budget prévoit quelques mesures intéressantes, les sommes investies demeurent nettement insuffisantes pour avoir de réels effets structurants. À l’évidence, le gouvernement ne pouvait se permettre de rester silencieux et inactif sur les multiples crises qui touchent le Québec. Qu’on parle des enjeux dans les réseaux de la santé et de l’éducation ou de ceux liés à la santé mentale, aux soins à domicile des aînés ou concernant le manque de places en services de garde, il fallait agir.

« Malheureusement, la réponse du gouvernement manque terriblement d’ambition. C’est un budget de saupoudrage sur plein d’enjeux majeurs, mais dont les effets réels sur le terrain seront bien limités. Les sommes investies pour les services à la population restent donc en deçà des besoins et de ce qui aurait pu être accompli s’il n’y avait pas eu de baisses d’impôt », d’ajouter Éric Gingras, se désolant que le gouvernement ait, une fois de plus, préféré des solutions simples, immédiates et séduisantes pour les électrices et les électeurs.

La Centrale regrette également le choix du gouvernement de poursuivre sa politique de réduction de la dette en établissant un nouvel objectif à atteindre d’ici 15 ans et en maintenant les versements au Fonds des générations entre 2,4 G$ et 2,8 G$ au cours des prochaines années.

En éducation et en enseignement supérieur

« Quand le gouvernement dit qu’il fait de l’éducation sa priorité, les gestes ne semblent malheureusement pas suivre les paroles. La réalité, c’est que, sur cinq ans, le gouvernement investit quatre fois moins en éducation et en enseignement supérieur que pour les baisses d’impôt. Par exemple, les sommes consacrées pour des initiatives pour contrer la pénurie de main-d’œuvre en éducation se limitent à 13,5 M$ par année. Ce n’est pas sérieux », note Éric Gingras.

La CSQ tient tout de même à saluer les investissements en littératie et numératie ainsi que l’ajout, bien que nettement insuffisant, de nouvelles ressources spécialisées pour les élèves à besoins particuliers. D’autre part, la Centrale se réjouit des nouveaux investissements en formation professionnelle, notamment pour favoriser l’élargissement de la formation à temps partiel, une demande que nous formulons depuis longtemps. Le rehaussement des investissements pour l’entretien et la mise à niveau des infrastructures scolaires est également bienvenu.

En enseignement supérieur, la CSQ note les nouvelles sommes investies (20 M$ sur 5 ans) pour soutenir les cégeps en région tout en les considérant nettement insuffisantes. Par ailleurs, la Centrale salue la bonification de l’aide financière aux études, qui représente plus de la moitié des nouveaux investissements en enseignement supérieur, et ce, bien qu’elle considère que la gratuité scolaire serait un moyen plus efficace d’assurer l’accessibilité de l’enseignement supérieur aux jeunes du Québec.

En santé et services sociaux

Face à un réseau qui craque de toutes parts, le gouvernement annonce plusieurs mesures éparses, mais qui ne régleront aucunement les problèmes de fond. « Les investissements en soins à domicile pour les aînés sont un exemple de mesures intéressantes. Tout le monde le dit qu’il faut en faire davantage de ce côté. Malheureusement, les 200 M$ par année ne représentent qu’une fraction des besoins. Pour donner un ordre de grandeur, la vérificatrice générale recommandait récemment des investissements de 2 milliards de dollars par année pour les 5 prochaines années », commente Éric Gingras.

En petite enfance

Le budget contient deux mesures significatives pour le secteur de la petite enfance, soit des investissements de 331 M$ sur 5 ans pour la conversion de 5 000 places non subventionnées en places subventionnées en 2023-2024 et 16 M$ sur 3 ans pour prolonger jusqu’au 31 mars 2027 le montant forfaitaire de 3 500 $ pour le démarrage d’un service de garde en milieu familial. Si la CSQ accueille favorablement le prolongement de l’aide au démarrage de milieux familiaux, la Centrale s’inquiète que la conversion de 5 000 places non subventionnées s’effectue exclusivement au profit des garderies privées subventionnées. La CSQ demande que la grande majorité de ces places soient plutôt converties en CPE. « Ce n’est malheureusement pas avec les mesures de ce budget qu’on arrivera à donner à tous les parents une place en service de garde éducatif subventionné pour leurs enfants », déplore le président de la CSQ.

Organismes communautaires, environnement et culture

La CSQ accueille favorablement la poursuite du rehaussement du financement à la mission des organismes communautaires tout comme les nouveaux investissements, plus que nécessaires, en santé mentale. « Le gouvernement aurait pu en faire beaucoup plus étant donné les immenses besoins du secteur communautaire, mais comme l’an dernier, le gouvernement fait un petit pas dans la bonne direction », commente Éric Gingras.

Sur le front environnemental, la Centrale voit d’un bon œil les investissements prévus au budget pour la protection de l’eau potable et de la biodiversité, mais déplore l’absence de nouvelles mesures structurantes concernant la lutte contre les changements climatiques.

Finalement, la CSQ salue les nouveaux investissements pour promouvoir la culture et la langue française, notamment le soutien accru à Télé-Québec.

Négociations du secteur public

Fidèle à son habitude, le gouvernement ne fournit dans le budget aucune nouvelle information quant à ses orientations à l’égard des négociations du secteur public. Le budget confirme cependant la bonne tenue des finances publiques.