Québec, le 10 février 2022. – La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses fédérations du secteur collégial, la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ), la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ), la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ) et la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ), dénoncent le cafouillis et le manque de direction qui règne au ministère de l’Enseignement supérieur (MES) quant à la gestion du réseau collégial en temps de pandémie.
L’absence de la ministre Danielle McCann dans le dossier de la pandémie est telle qu’on en arrive à se demander s’il y a encore un pilote à la tête du MES, jamais présent lors des points de presse de la Santé publique.
Une ministre « invisible »
La CSQ et ses fédérations considèrent que l’effacement de la ministre devient de plus en plus problématique. Ainsi, on constate l’absence de vision globale et l’arrivée tardive et morcelée de consignes communes provenant du ministère en termes de gestion de la pandémie et de relations de travail, malgré le caractère exceptionnel de la situation. Les milieux déplorent un manque de transparence et de cohésion dans la transmission des informations. Dans ce contexte, chaque collège a sa propre façon d’appliquer les modalités liées au contexte de pandémie, ce qui crée des inégalités de traitement entre les différentes catégories de personnel et les 48 établissements publics du réseau, sans compter les collèges privés.
Pour la CSQ, cette disparité est notamment problématique en ce qui concerne le recours aux banques de congés prévues dans les contrats de travail pour faire face à l’obligation de prendre soin d’un enfant ou d’un membre de la famille en cas d’isolement ou d’infection au virus. En effet, le nombre de ces congés étant limité, il n’est pas rare que la période d’isolement se poursuive aux frais de la travailleuse ou du travailleur. Même ambiguïté avec la reprise des cours et les évaluations des étudiantes et étudiants testés positifs ou en isolement pour lesquelles le personnel enseignant n’est pas toujours rémunéré, sans compter l’alourdissement de la tâche pour les personnels de soutien ou professionnel, lorsqu’appelés à intervenir.
Ceci est d’autant plus choquant qu’après des mois de retard, les directives qui viennent tout juste de nous parvenir créent davantage de confusion et enfreignent même les conventions collectives du réseau collégial.
Inaction pour prévenir les éclosions
Les organisations syndicales constatent également un manque d’initiatives de la part du ministère de l’Enseignement supérieur pour prévenir les éclosions. En effet, dans les milieux, on ne sent pas que le principe de précaution guide les décisions. À titre d’exemples :
- Les étudiantes et étudiants, de même que les personnels, ne sont toujours pas jugés prioritaires lorsqu’il est question de tests (PCR ou maison);
- Le personnel qui le souhaite n’a toujours pas accès à des masques N95;
- La gestion des éclosions, pour chacun des collèges, manque grandement de transparence, ce qui fait qu’il est difficile pour le personnel infecté de déterminer s’il a contracté le virus sur son lieu de travail.
Citations des porte-parole
« Le manque de directives concrètes, d’approche globale de prévention des éclosions et le fouillis administratif quant à la gestion des absences COVID-19, qu’elles touchent le personnel ou les étudiantes et étudiants, ont renforcé le sentiment que nous sommes dans un avion sans pilote. » – Mario Beauchemin, vice-président de la CSQ
« Dans le contexte actuel et face à l’absence de directives claires du MES, la reprise des cours et des évaluations pour les étudiantes et les étudiants qui ont un test positif à la COVID-19 ou qui sont en isolement vient alourdir la tâche du personnel enseignant, et ce, sans qu’aucune compensation ne soit prévue pour ce travail supplémentaire. Les enveloppes prévues à l’automne pour ce type d’aménagements sont complètement vides dans la majorité des cégeps alors que les absences se multiplient. » – Lucie Piché, présidente de la FEC-CSQ
« Il est déplorable que le personnel de soutien doive vider les banques de congés prévues aux conventions collectives afin de prendre soin d’un enfant ou d’un membre de la famille lorsqu’il y a isolement obligatoire lié à la COVID-19. Ce que le MES ne prend pas en considération dans les dernières consignes transmises aux établissements, c’est qu’il est impossible, pour certains corps d’emploi, de faire du télétravail. Cela crée une grande iniquité entre les travailleuses et les travailleurs d’un même collège. » – Valérie Fontaine, présidente de la FPSES-CSQ
« De nombreuses demandes d’éclaircissement ont été formulées auprès du MES durant la dernière année afin que le document de directives en lien avec la gestion des relations de travail soit mis à jour. Jusqu’à tout récemment, la dernière version disponible remontait à septembre 2020. Concrètement, ça s’est traduit par 48 applications différentes dans autant de cégeps. » – Éric Cyr, président de la FPPC-CSQ
« Comment se fait-il que le milieu collégial n'ait pas droit à des consignes claires, mises à jour régulièrement? Le milieu scolaire a plusieurs outils à sa disposition pour clarifier l'application des directives ministérielles et de la Santé publique. Madame la Ministre, il est plus que temps d'agir. » – Stéphane Lapointe, président de la FPEP-CSQ