À entendre la ministre McCann lors d’une rencontre s’étant déroulée le 12 janvier dernier, la rentrée dans les cégeps se fera dans un cadre sécuritaire, tant pour les étudiantes et étudiants que pour le personnel. Vraiment? Rien n’est moins sûr, à ce moment-ci.
En effet, quoi qu’en dise la ministre, trop de questions demeurent encore sans réponse et il nous apparaît clair que tous les fils sont encore loin d’être attachés. Les conditions essentielles pour un retour en présence sécuritaire ne sont tout simplement pas là.
Des exemples qui parlent fort
Il suffit de prendre trois exemples pour constater à quel point la situation est fragile et présente de nombreux risques.
Commençons par l’accès aux tests rapides pour la communauté collégiale. Le ministère de l’Enseignement supérieur nous a indiqué que ni le personnel ni les étudiantes et étudiants ne sont considérés comme prioritaires à ce moment-ci. En d’autres mots, rien n’est en place pour faciliter le dépistage et ainsi prévenir les éclosions dans nos cégeps. Inquiétant!
Parlons maintenant des vaccins. On ne sait toujours pas s’il y aura des cliniques mobiles de vaccination dans nos établissements, approche qui s’est avérée pourtant la plus efficace lors des premières campagnes de vaccination pour rejoindre l’ensemble de la communauté étudiante. Faut-il rappeler qu’il est impossible de respecter la distanciation dans nos milieux? Difficile de ne pas s’inquiéter!
Et ce n’est guère plus encourageant du côté de la mise en place des mesures et protocoles liés à la pandémie dans les cégeps. À ce moment-ci, on ignore toujours comment le tout sera organisé dans les milieux, d’autant plus qu’il y a également pénurie de main-d’œuvre dans le réseau collégial, et ce, dans un contexte de surcharge de travail déjà liée à la pandémie. Une question aussi fondamentale que la gestion des retours de quarantaine des étudiantes et étudiants, ainsi que des personnels, apparaît presque insoluble. Comment ne pas s’inquiéter?
Un personnel qui paie encore le gros prix
Le plus désolant, c’est qu’après deux longues et pénibles années de pandémie, tout repose encore une fois sur les épaules du personnel des cégeps, que ce soit enseignant, professionnel ou de soutien. Vraiment décourageant.
De plus, ce personnel sera encore une fois placé devant un choix déchirant : assumer ses responsabilités de travail en présence ou ses responsabilités familiales à la maison. Un choix qui, pour plusieurs, se fera à leurs frais, puisque comme beaucoup de travailleuses et travailleurs au Québec, les banques de congés de maladie sont vides.
Bien sûr, nous préférons toutes et tous être présentes et présents sur nos campus. Les bénéfices sont innombrables pour tout le monde. Malheureusement, nous avons bien des raisons d’être inquiètes et inquiets, quoi que dise la ministre McCann.
Une rentrée sécuritaire! Vraiment?
Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ)
Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ)
Éric Cyr, président de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ)
Mario Beauchemin, vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)