Réjouissance et incertitude. Voilà bien deux sentiments qui habitent bon nombre de profs à l’occasion de l’actuelle rentrée collégiale. Réjouissance liée au plaisir de retrouver les collègues, les classes peuplées de regards allumés, un milieu de vie où se tissent des liens qui nous alimentent et développent le « vivre ensemble ». Et incertitude… La quatrième vague de la crise sanitaire qui se profile en raison du variant Delta met cependant un frein à l’enthousiasme de la rentrée, insufflant une bonne dose d’incertitude dans ce retour tant attendu sur les campus. Afin d’assurer le succès de cette rentrée pas comme les autres et de l’année qui s’amorce, il nous semble essentiel que le milieu collégial travaille de concert afin que ce retour sur les campus permette de faire autrement, « de faire mieux ».
Nous devons en premier lieu tout mettre en œuvre en vue de créer un milieu à échelle humaine. La pandémie a malheureusement fait la preuve par le vide que les interactions entre le personnel enseignant et leurs élèves sont essentielles à la réussite et au bien-être de tous et toutes, tout comme le sont les interactions entre collègues et entre les étudiantes et étudiants. Le cégep est en effet un milieu de vie structurant pour l’ensemble de la communauté collégiale, en particulier pour la population étudiante qui y découvre des champs d’intérêt inusités et une vie socioculturelle diversifiée ouvrant des fenêtres sur de nouveaux horizons. Il faut se réapproprier cette agora que constitue le cégep afin d’en faire un milieu à échelle humaine.
Cet objectif premier ne pourra cependant pas être atteint sans que se développe plus amplement une culture de collaboration et d’écoute dans nos institutions. Trop souvent en effet, des pratiques managériales trop hiérarchiques nuisent à la fois à la motivation de toutes et tous, mais également au choix des actions appropriées à mettre en œuvre. Nous entamons cependant cette rentrée avec des cohortes fragilisées par 18 mois de téléenseignement ou d’enseignement en alternance et où on a misé sur les savoirs essentiels. Les profs n’ont pour leur part pas envie de se retrouver à nouveau à bout de souffle en raison des perturbations vécues au cours des derniers mois. Il sera donc nécessaire de multiplier les points d’ancrage afin d’identifier les besoins du milieu (anciens et nouveaux) et de bonifier les mesures actuelles, que ce soit en santé mentale ou au soutien aux apprentissages. Le succès de cette entreprise passe nécessairement par la concertation et nous appelons nos directions à travailler en ce sens.
Le personnel enseignant a pour sa part fait la preuve depuis les 18 derniers mois de sa capacité à contrer la multitude d’embûches liées au caractère inusité de la situation dans laquelle nous avons été plongé.es, assurant malgré tout des services éducationnels de qualité. Cette expertise terrain est précieuse et doit être mise à profit, tout comme celle de l’ensemble du personnel du réseau, afin d’assurer la réussite du plus grand nombre et le bien-être de toute la communauté collégiale.
On peut espérer par ailleurs que l’imminente conclusion de la présente ronde de négociation apporte des moyens supplémentaires pour assurer cette réussite étudiante, tout en bonifiant les conditions d’exercice de notre profession. La tournée de consultation des membres qui s’amorce permettra d’en juger et nous invitons les profs du réseau collégial à participer en grand nombre à ce moment clé de notre démocratie syndicale.
Si on faisait mieux ? C’est une invitation à continuer à s’investir collectivement pour assurer le bien-être sur les campus, pour les jeunes cégépiennes et cégépiens et pour tous nos collègues.
Bonne rentrée !