Cela fera un an le 31 mars prochain que nous sommes sans contrat de travail et cela fait plus d’un an que nous sommes à la table de négociation… Et pourtant, rien ne bouge! Réunis devant l’Assemblée nationale, nous avons donc annoncé, le jeudi 18 mars dernier, le déclenchement d’un premier jour de grève dans nos cégeps. Voici pourquoi.
Face à une partie patronale qui ne semble avoir aucun mandat pour arriver à la conclusion d’une entente négociée, nous considérons que nous perdons du temps. Du temps pour nous occuper de la réussite des jeunes du collégial qui peinent, depuis un an, à poursuivre leur parcours. C’est ça, la priorité pour nous, et pour y arriver, il faut avoir les coudées franches et ne pas s’enliser dans des négos qui n’en finissent plus.
Il faut aussi avoir les moyens d’accompagner les étudiantes et les étudiants vers la réussite, ces cohortes Covid qui, en septembre prochain, auront eu près de deux ans de formation à distance. Et cela passe par l’amélioration des conditions d’exercice de la profession enseignante! Cela nécessite des ressources supplémentaires pour faire face à l’augmentation sans précédent des étudiantes et étudiants en situation de handicap une réalité qui vient alourdir la tâche des profs. Cela passe aussi par des ressources supplémentaires pour l’encadrement des stages, notamment dans le secteur de la santé. La crise sanitaire et l’utilisation des nouvelles technologies ont également remis en lumière la nécessité de baliser la formation à distance. La pandémie a, en effet, fait la preuve que l’enseignement à distance est plus lourd pour les profs, plus difficile pour les étudiantes et étudiants et qu’on ne peut dans l’avenir multiplier tous azimuts les classes à distance simplement parce qu’on manque de locaux.
Pour favoriser la réussite, il faut des profs et donc des mesures pour favoriser l’attraction et la rétention du personnel enseignant. Nous avons ainsi besoin de meilleures mesures d’insertion professionnelle et de conciliation famille-travail. Nous avons également besoin d’opérer un virage majeur concernant la précarité, qui touche plus de 40 % de nos membres – notamment à la formation continue où pratiquement toutes et tous sont précaires.
Nous pourrions continuer la liste, mais ce qu’il faut retenir, c’est que ça nous prend un règlement ce printemps afin que nous puissions enseigner la tête tranquille. En réponse à nos demandes, le gouvernement affirme pour sa part que la pandémie a vidé notre «bas de laine » et qu’il faut se contenter du maigre cadre financier qu’il nous a déposé. Pourtant, l’annonce d’une possible augmentation de plus de 100 % du salaire de la direction à Investissement Québec (actuellement de 484 000 $) révèle qu’il y a bien quelques réserves dans le bas de laine… mais des réserves qui sont destinées à certaines personnes privilégiées. Force est de conclure à ce chapitre que les priorités ne sont pas à la bonne place quand on compare cette augmentation au 1,75 % que nous propose le gouvernement.
Monsieur le Premier Ministre François Legault, Madame Sonia Lebel du Conseil du trésor, entendez notre voix ! Donnez un signal clair à vos porte-paroles qui négocient aux tables et au ministre des Finances qui prépare le prochain budget afin qu’on puisse en arriver à un règlement ce printemps parce qu’il faut que ça change en enseignement supérieur, tout comme dans le réseau scolaire et en santé, et il faut que ça change maintenant!