Qu’est-ce qu’elle était attendue, cette nouvelle année! Mettre enfin de côté 2020 avec son zéro évoquant trop frontalement le néant dans lequel la pandémie nous a plongé.es depuis mars dernier. Retrouver nos salles de cours avec des étudiantes et étudiants allumé.es! Mais… la crise en a décidé autrement.
Il nous faut donc prendre acte et, en ce début 2021, redoubler d’effort et d’inventivité pour préparer de nouveaux cours stimulants destinés à des étudiantes et étudiants… de moins en moins allumé.es pour cause de fatigue covidienne et d’isolement. Garder le fort alors que cette fatigue touche tout autant les profs, à peine remis du stress automnal à jongler avec les plateformes qui défaillent, les cours à adapter de nouveau parce le cégep vient de passer en zone rouge et des étudiantes et étudiants qui décrochent.
Cependant, au-delà du mot de reconnaissance de fin d’année, quel a été le réel support de nos directions et du ministère? Trop peu, pourrait facilement dire la majorité des exécutifs syndicaux ayant passé l’automne, tout comme le printemps dernier, à revendiquer la mise en place de mesures locales susceptibles d’alléger la tâche des profs. Trop peu, pourrions-nous ajouter à la Fédération, face à un ministère tout aussi réticent à nos demandes maintes fois réitérées d’assouplissement et d’injection financière qui finissent par arriver… souvent trop tard pour faire une réelle différence.
Des priorités pour 2021
La pandémie se poursuivant, il nous sera néanmoins nécessaire de poursuivre nos démarches, tant au niveau local que national, afin de s’assurer que les conditions d’exercice de notre profession ne se détériorent pas davantage avec la crise sanitaire et permettent par ailleurs la réussite du plus grand nombre. Pour ce faire, la concertation doit être davantage au rendez-vous afin qu’émergent des solutions concrètes répondant aux besoins exprimés par les acteurs et actrices du réseau collégial. Des solutions issues du milieu!
Il nous faudra également dans les prochaines semaines, les prochains mois, intensifier notre mobilisation sur le front de la négociation puisque le renouvellement de notre convention collective semble loin d’être une priorité pour la partie patronale, malgré le discours du gouvernement. Les discussions aux tables sectorielles et intersectorielles ont en effet piétiné tout l’automne et rien n’indique pour l’heure que le gouvernement compte modifier ses positions. Le cadre financier demeure toujours aussi famélique, ne permettant aucunement de répondre aux besoins exprimés dans le réseau collégial afin de contrer l’érosion de nos conditions de travail et combattre la précarité. Nos demandes qui n’ont pas d’incidence financière, mais qui visent tout autant à préserver les conditions d’exercice de notre profession et notre autonomie professionnelle, ne reçoivent pas plus d’écho de la partie patronale tout comme, d’ailleurs, la contre-offre salariale déposée à la table centrale en mai dernier, une proposition qui réduisait de moitié nos demandes d’augmentation initiales.
Il devient donc urgent de contrer cet immobilisme gouvernemental par une réponse syndicale forte. L’obtention d’un mandat de grève s’avère à cette étape un levier essentiel pour signifier au gouvernement notre ras-le-bol collectif et notre détermination à obtenir une convention collective répondant aux multiples enjeux que nous avons mis en lumière ces derniers mois à la suite des consultations menées dans les assemblées générales.
Le gouvernement ne peut rester sourd aux demandes pourtant légitimes des profs qui voient leur tâche s’alourdir d’année en année en raison, notamment, d’une population étudiante présentant de plus en plus des caractéristiques atypiques. Les profs ont pour leur part répondu présent depuis mars dernier et ont assuré la dispense de leurs cours avec professionnalisme, en dépit de la lourdeur accrue induite par la situation de crise. La moindre des choses devrait être de prendre leurs demandes au sérieux et de tenter d’apporter rapidement des solutions concrètes, et ce, afin que le personnel enseignant puisse se concentrer sur l’essentiel, soit la formation des jeunes qui fréquentent leurs classes.
Je nous souhaite donc une année de luttes fécondes avec, à la clé, une convention à la hauteur de nos demandes; une année empreinte de solidarité, mais aussi de bienveillance et de résilience en ces temps de pandémie; une année où la crise sanitaire nous aura aussi incité, plus globalement, à repenser notre rapport au monde et ainsi dessiner les contours d’une transition juste et à se donner réellement les moyens d’y arriver.
Bonne année syndicale!