La session d’automne 2020 qui se déroule dans un contexte inédit marque aussi le début d’une nouvelle phase dans l’actuelle ronde de négociation collective et pour la mobilisation qui l’accompagne. Malgré les circonstances difficiles que nous vivons, il s’agit d’une étape cruciale au cours de laquelle nous pourrions arriver à un règlement dans ce dossier. Mais qu’on se le tienne pour dit : ce règlement devra être à la hauteur de nos besoins et répondre aux objectifs de négociation que nous avons collectivement formulés dans le cadre de nos démarches de consultation …
Notre mobilisation en temps de pandémie : retour sur une session hivernale hors de l’ordinaire
Rappelons-nous que le ton de la rentrée à la session d’hiver 2020 avait été donné par des actions décentralisées dans nos cégeps visant à exprimer auprès des directions locales notre rejet des offres patronales déposées à la table sectorielle au mois de décembre précédent. Que ce soit par des actions pochoirs sur les terrains, des interventions publiques lors d’activités organisées par la direction ou de discussions ciblées lors des rencontres collège-syndicat (RCS), nous avons maintes fois réitéré nos attentes pour le renouvellement de notre convention collective par différents moyens reflétant nos particularités locales.
C’est d’ailleurs dans cet esprit d’actions coordonnées sur certains paramètres, mais décentralisées dans leur déploiement, qu’est né le projet du Journal Profs en négo. Comportant des articles communs et une section d’information locale, la version hiver 2020 du journal a été conçue de manière à mettre en lumière différents volets de notre demande dans le cadre de la présente ronde de négociation, lesquels correspondent aux diverses facettes de la tâche enseignante. Les Mardis Profs en négo coïncidant avec les séances de discussion à la table sectorielle FEC-CPNC ont aussi été l’occasion d’afficher les couleurs de la négociation, notamment par le port du t‑shirt Profs en négo 2020 et la diffusion sur les réseaux sociaux de nos affiches illustrant les différentes thématiques de la négociation. Malgré le constat d’un rythme plutôt lent imposé par la partie patronale à la table sectorielle, les premières semaines de la session hivernale ont ainsi été portées par une énergie soutenue au sein du comité de mobilisation FEC. Cet élan fut toutefois brutalement interrompu par la crise sanitaire qui nous a frappés de plein fouet à la mi-mars…
En début de crise et jusqu’à la fin du mois de mai 2020, nous avons collectivement résisté aux pressions gouvernementales pour un règlement précipité des négociations en choisissant de suspendre nos travaux à la table sectorielle, considérant que l’urgence était ailleurs. Face à un état de crise qui s’annonçait pour durer, le mois de juin a quant à lui été l’occasion d’ouvrir une phase exploratoire de négociation en mode soutenu et accéléré, sur la base d’un cahier syndical priorisé à la suite de la tenue d’assemblées générales dans les différents cégeps de notre fédération. Pendant ce temps, l’ensemble des profs de cégep étaient au front à clore une session en mode à distance et exacerbant les enjeux de conciliation famille-travail. Dans les circonstances, pas surprenant que la mobilisation autour de la négociation ait connu un certain essoufflement dans nos milieux : les profs étaient bel et bien mobilisés… mais ailleurs, soutenant la réussite éducative de toutes leurs forces !
Tout au cours de cette période, les membres de vos bureaux syndicaux locaux sont demeurés en appui au comité de négociation, leur offrant un soutien de tous les instants en relayant les messages à l’attention de la partie patronale auprès des directions locales et en demeurant en mode vigilance lors des séances à la table sectorielle. Or, l’impasse dans les négociations provoquée par la rigidité du cadre financier et des mandats gouvernementaux nous a tout de même conduits au dépôt d’une demande de médiation, le 26 juin 2020.
La boule de cristal de l’automne 2020 : « faire notre chemin tout en avançant »
La stratégie gouvernementale visant un règlement hâtif de la négociation pendant la session d’hiver 2020, en pleine crise sanitaire, a été un échec. Cette situation nous amène, en apparence du moins, à entreprendre la session d’automne dans un cadre temporel plus habituel pour les négociations, ces dernières se réglant souvent au cours de la session qui suit celle marquant l’échéance de nos conventions collectives. Cependant, la pandémie qui perdure nous incite à demeurer alertes quant à l’évolution de la conjoncture, puisque la recrudescence de la crise pourrait nous amener à opter pour un changement dans le rythme des négociations.
Les éléments de la stratégie gouvernementale qui seront adoptés cet automne sont encore à connaître. L’approche du gouvernement au cours de la crise nous a permis de constater le maintien de ses priorités sectorielles pour la négociation, au premier chef desquelles se trouvent les préposées et préposés aux bénéficiaires (PAB) et le milieu de l’éducation primaire et secondaire. Le remaniement ministériel qui a mené à un changement de garde au Conseil du trésor en la personne de Sonia Lebel et à la nomination d’une ministre attitrée à l’enseignement supérieur, Danielle McCann, pourrait néanmoins déboucher sur de nouvelles orientations.
Enfin, si la session d’hiver 2020 s’est terminée dans le flou des consignes gouvernementales, l’actuelle session d’automne semble suivre cette même trame. Elle comporte un lot important de défis, dont la surcharge de travail lié à l’enseignement hybride ou à distance, les préoccupations pour la réussite étudiante, le stress et la fatigue, sans compter les exigences des mesures de distanciation physique à respecter. Une juste part de ressources doit impérativement être attribuée au soutien des profs du réseau collégial, d’abord à partir des sommes des annexes de financement S-119 et S-120 et aussi dans le cadre des négociations. Notre mobilisation, en dépit d’une conjoncture difficile, sera fondamentale pour s’en assurer.
Soulignons également que la crise sanitaire nous permet de relever l’importance de nos services publics qui fonctionnent grâce à l’engagement de leurs travailleuses et travailleurs. La légitimité de nos demandes de négociation, identifiées au terme d’un processus démocratique en nos rangs et dont plusieurs se trouvent exacerbées par la crise, n’en sort que renforcée. Plus que jamais, nous devons construire notre mobilisation en rappelant ce lien.
Ainsi, peu importe le scénario des événements à venir dans les négociations, la signature d’une entente de principe à la hauteur de nos ambitions demeurera notre seul fil d’arrivée ! Fidèles à nos habitudes, c’est ensemble que nous tracerons le chemin de notre mobilisation en ce sens, un pas à la fois, en veillant à prendre soin de nous et à prendre soin de nos cégeps.
Éric Denis (porte-parole), Nadine Bédard St-Pierre, Micheline Rioux et Rachel Sarrasin, membres du Comité de négociation FEC-CSQ