Un 1er mai inédit, une solidarité nécessaire

1 mai 2020

Lucie Piché, présidente de la FEC-CSQ

Un 1er mai bien particulier se profile aujourd’hui en raison de la crise sanitaire ! Ni rassemblements, ni bannières portées fièrement ; pas même une affichette collée à la porte du bureau pour souligner cette Journée internationale des travailleuses et des travailleurs. Nos espaces de travail se sont dématérialisés, tout comme nos lieux de sociabilité, désormais médiatisés par des écrans.

Pourtant, la solidarité est plus qu’essentielle en ces temps de pandémie. Il y a trop de personnes laissées pour compte dans cette crise qui révèle autant qu’elle amplifie toutes les formes d’inégalités. On n’a qu’à penser à toutes ces personnes vulnérables vivant dans les CHSLD… Pour leur part, les jeunes qui fréquentent nos cours ne sont pas tous égaux au sein de notre système d’éducation. La crise actuelle révèle en effet toute l’ampleur du fossé entre le public et le privé, entre les milieux favorisés et défavorisés, etc. L’accès à du matériel informatique, à une connexion internet appropriée ; à un espace à soi, l’esprit serein, deviennent des facteurs déterminants tant pour l’enseignement que pour l’étude. Plusieurs de nos étudiantes et étudiants se retrouvent dans des situations précaires qui exacerbent les problèmes d’anxiété déjà trop présents avant la crise dans les cégeps. L’injonction faite aux profs de cégeps de terminer la session à distance a par ailleurs provoqué pour nous une implication sans précédent et des défis de conciliation famille travail hors norme.  

Si la décision de poursuivre le parcours scolaire des jeunes cégépiennes et cégépiens peut être justifiée pendant cette crise sanitaire, on voit déjà poindre à l’horizon l’utilisation que certaines directions, comme celle du Cégep de Sorel-Tracy pour ne pas la nommer, aimeraient en faire par la suite. Réutilisation du matériel développé et formation à distance lors des tempêtes de neige ont ainsi été évoquées par la directrice générale. Alors que nous devons terminer la session et organiser nos vies confinées, ce n’est sans doute pas le temps de débattre de tels enjeux, mais nous nous devons de les avoir bien en tête, notamment pour le renouvellement de notre convention collective qui est arrivée à échéance depuis maintenant un mois. La crise sanitaire risque en effet de transformer les conditions d’enseignement en accélérant le passage vers la formation à distance. Nous devons pouvoir tout mettre en œuvre pour avoir voix au chapitre à ce sujet afin d’en baliser étroitement les paramètres. L’entêtement du gouvernement actuel à vouloir négocier rapidement les termes de notre convention collective n’est toutefois pas de bon augure et met à risque notre capacité de freiner les atteintes à notre autonomie professionnelle et à la relation pédagogique que nous développons en classe.

Une crise révélatrice de l'importance des services publics
Si les limites et avantages de notre système d’éducation se révèlent en temps de crise, que dire de notre système de santé, de la situation dans les CHSLD et des milliers d’employées et employés qui sont au front. Nous devons exprimer toute notre solidarité envers les milliers de personnes et leurs familles touchées par ces enjeux de santé et d’emploi. C’est d’ailleurs dans ces situations extrêmes que l’on peut rappeler l’importance de l’existence de services publics forts et d’un filet social tissé serré pour toutes les Québécoises et tous les Québécois. Enfin, alors que les liens entre les crises sanitaire et écologique sont mis à jour par de nombreux experts, nous ne pourrons reprendre les mêmes chemins aux lendemains de la pandémie, ni nous enfoncer dans les mêmes ornières. Face au discours austéritaire qui risque de revenir en force face à l’état des finances publiques, nous devrons y opposer des idées visant un meilleur partage de la richesse et un développement plus respectueux de l’environnement.  

À ce chapitre, l’histoire des luttes syndicales que commémore le 1er mai prend toute sa signification
dans le contexte actuel. Nos organisations syndicales, bien qu’imparfaites et devant se renouveler continuellement, constituent un maillon essentiel de la société civile pour défendre les conditions de travail de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs, mais également, les conditions de vie de leur famille et de la population. Tant pendant qu’après cette crise, nous souhaitons que les associations qui représentent la voix de toutes celles et ceux qui œuvrent au quotidien pour l’avenir de notre société puissent se faire entendre et participer pleinement à la réflexion qu’il faut développer pour favoriser notamment un accès égalitaire à l’éducation, à la culture et à la vie citoyenne.

La petite histoire du 1er mai
Le 1er mai 1886, 300 000 travailleuses et travailleurs lancent, à Chicago, un mouvement de grève pour obtenir la journée de travail de huit heures. Une répression policière sanglante s’ensuit : des militants syndicaux sont arrêtés et condamnés à mort. Quatre d’entre eux sont pendus. Six ans plus tard, ils seront innocentés. Ces événements ont érigé en symbole la lutte et le sacrifice de ces quatre personnes pour l’amélioration des conditions de travail et de vie de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs.
Au Québec, le 1er mai est célébré depuis 1972. C’est une occasion privilégiée d’affirmer nos convictions et nos revendications.

Conférence ligne le 1er mai
La Coalition du 1er mai vous invite à une discussion en ligne, sur l’heure du dîner, ayant comme thème : les stratégies de mobilisation qui ont fait avancer les droits des travailleuses et travailleurs en termes de santé et de sécurité au travail. Ce Facebook live sera l’occasion d’en apprendre davantage sur des initiatives inspirantes ayant eu lieu dans le communautaire et dans différents syndicats en matière de santé et de sécurité au travail. Jacques Parenteau, président du comité en santé et sécurité du travail de la CSQ et secrétaire général de l’Association des professeurs de Lignery, prendra la parole. Pour plus d’information sur cette activité et l’écouter en direct le 1er mai à 12h15, consultez l’événement Facebook : https://www.facebook.com/events/540939989907620/

Affiche : https://www.lacsq.org/fr/1er-mai-solidaires-plus-que-jamais/