Dans le contexte du réinvestissement actuel en enseignement supérieur et du répit financier accordé à certains établissements des régions du Québec, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses fédérations de l'enseignement supérieur invitent le gouvernement à s'engager durablement pour la réussite des étudiantes et étudiants de nos cégeps et universités.
« Nous saluons la décision du ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, de remédier enfin au sous-financement des quinze dernières années. Les importants surplus amassés à même les restrictions budgétaires effectuées sur le dos du personnel doivent maintenant faire l'objet d'un réinvestissement judicieux. Soyons clairs, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir afin de regagner le terrain perdu et de consolider tout le potentiel de réussite de nos réseaux », souligne Sonia Ethier, présidente de la CSQ.
« La réussite, c'est oser dépasser le strict taux de diplomation », précise Sonia Ethier. Pour la CSQ, le déploiement de nos institutions d'enseignement supérieur doit s'appuyer sur une vision à long terme des besoins et profiter pleinement de l'engagement et de la capacité d'innovation du personnel des cégeps et des universités. « Nous mettons en garde le gouvernement Legault de ne pas répéter les erreurs du passé en ignorant les principaux intervenants du milieu », ajoute la syndicaliste.
« Accroître l'autonomie et miser sur la compétence du personnel enseignant, reconnaître la contribution des professionnels de recherche à l'avancement des sciences, valoriser sans exception l'expertise des personnels professionnels et de soutien et lutter contre leur détresse psychologique, voilà autant d'exemples de solutions permettant de mieux soutenir les personnes qui rendent possible la réussite de la population étudiante et le rayonnement de la recherche au Québec », précise la présidente de la CSQ.
À la volonté du gouvernement Legault de faire de nos cégeps et universités des institutions d'excellence, la Centrale répond « présente » et souhaite partager le savoir-faire et la connaissance du terrain de ses membres avec le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
« L'enseignement supérieur fait face à d'importantes transformations. Nous avons confiance qu'en relevant les conditions d'exercice et en sollicitant l'expertise du personnel de nos cégeps et universités, nous pouvons faire du Québec un chef de file en matière d'accessibilité et de réussite en Amérique du Nord et dans le monde entier », conclut Sonia Ethier.
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 125 000 dans le secteur public. Elle est l'organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.
CITATIONS
Lucie Piché, présidente de la Fédération de l'enseignement collégial (FEC-CSQ)
« Oser la réussite, pour les profs de cégeps, c'est tout mettre en œuvre pour endiguer une précarité omniprésente et trouver des solutions concrètes à l'alourdissement de la tâche enseignante, qu'elle soit liée à l'augmentation de la population des étudiantes et étudiants en situation de handicap (EESH) ou encore, à l'intégration croissante des activités de formation à distance. Rappelons également que malgré certaines avancées budgétaires, le volet traitant des activités d'enseignement, pour lequel de nombreux problèmes subsistent, n'a pas été examiné dans le cadre de la révision du modèle de financement des cégeps. Il reste du travail à faire! »
Suzanne Tousignant, présidente de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ)
« Les différentes expertises du personnel professionnel dans nos cégeps doivent être reconnues à leur juste valeur si nous voulons donner les moyens aux établissements de faire une véritable différence dans la réussite de la population étudiante et des communautés dans lesquels nos cégeps sont enracinés. Les enseignantes et enseignants, les étudiantes et étudiants ainsi que le personnel de direction, bénéficient de leur savoir-faire innovant qui contribue à ce que l'un comme l'autre atteigne ses objectifs de réussite. »
Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l'enseignement supérieur (FPSES-CSQ)
« Je mets personnellement au défi les établissements d'enseignement supérieur de réussir à fonctionner sans leur personnel de soutien. C'est impossible! La réussite de l'enseignement supérieur au Québec passe par une plus grande reconnaissance de l'expertise et du travail du personnel de soutien et par l'abolition du recours à la sous-traitance. »
Vincent Beaucher, président de la Fédération de la recherche et de l'enseignement universitaire du Québec (FREUQ-CSQ)
« Ce qui caractérise nos universités, c'est la qualité de la recherche et de l'enseignement qui s'y fait. Dans les deux cas, ce ne sont pas que les
professeurs-chercheurs qui sont au jeu. La contribution des professionnelles et professionnels de recherche (PPR) et des chargés de cours est essentielle à la réalisation de ces deux missions. Oser la réussite, c'est aussi donner aux chargés de cours et aux PPR des conditions favorables d'exercice et rehausser leurs perspectives de carrière. »
FAITS SAILLANTS
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- Professionnelles et professionnels de recherche1
- Près des ¾ des PPR travaillent dans le cadre d'un contrat à durée déterminée et 85 % de ces contrats sont d'une durée d'un an et moins.
- 80 % des PPR vivent une situation d'emploi atypique.
- 50 % des PPR participent à la rédaction d'articles scientifiques.
- Chargés de cours des universités2
- À l'échelle du pays, entre 2005 et 2015, le nombre de professeurs permanents a diminué de 10 %, alors que le nombre de chargés de cours a bondi de 79 %.
- 66 % des chargés de cours ont déclaré qu'en raison de sa nature intermittente, leur emploi a eu des répercussions sur leur santé mentale.
- Personnel professionnel des cégeps3
- En moyenne, 85 % des professionnels ont dû faire du temps supplémentaire. Pour certains titres d'emploi, ce taux atteint 88 % (conseillers pédagogiques à la formation continue), 95 % (psychologues), voire 100 % (conseiller en adaptation scolaire).
- 22,9 % des professionnelles et professionnels ont recouru à du soutien psychologique lors de la dernière année.
- Personnel de soutien des cégeps et universités4
- La proportion du personnel de soutien des universités québécoises qui souffrirait de détresse psychologique importante ou très importante atteint 53,4 %.
- Parmi celles et ceux-ci, 45,6 % ont consulté une ressource en santé mentale au cours des 12 derniers mois.
- Personnel enseignant des cégeps
- Plus de 40 % des professeures et professeurs sont en situation de précarité et n'ont pas accès à la permanence, tant à l'enseignement régulier qu'à la formation continue.
- Alors que le nombre de jeunes catégorisés comme étudiantes ou étudiants en situation de handicap (EESH) est passé de 1 303 à 17 782 entre 2007 et 2017, la tendance se maintient toujours puisque l'augmentation de leur présence au sein du réseau collégial a dépassé 20 % de 2016 à 2018.
- Professionnelles et professionnels de recherche1