Si le gouvernement Legault tient réellement aux cégeps, il doit le prouver dès son premier budget en injectant au moins 68 millions $ d’argent neuf, soutient la Fédération des cégeps.
Son président, Bernard Tremblay, a déclaré en entrevue mercredi avoir de grandes attentes en vue du budget provincial, qui sera présenté par le ministre des Finances, Éric Girard, le 21 mars prochain.
Selon lui, le gouvernement caquiste doit démontrer qu’il est «le gouvernement de l’éducation» en assurant la pérennité des cégeps, qui peuvent répondre aux besoins du marché du travail dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre.
À l’heure actuelle, les cégeps sont subventionnés proportionnellement au nombre d’étudiants qui les fréquentent, ce qui désavantage les établissements de petite taille.
La baisse du nombre de cégépiens et leur tendance à prendre plus de temps qu’auparavant pour terminer leurs études entraînent également une perte financière pour les cégeps.
Résultat: des «cohortes entières» de cégépiens sont «sacrifiées», selon Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignants de cégep (FEC-CSQ).
«Il manque de psychologues, de conseillers d’orientation, d’aide pédagogique, de personnel de bibliothèque, (…) on n’a plus d’argent pour acheter des livres», a-t-elle illustré.
68,2 millions $
Selon eux, le gouvernement doit absolument mettre en oeuvre — et vite — le récent rapport du comité d’experts sur la révision du modèle d’allocation des ressources à l’enseignement collégial public.
Ce comité, mis en place par l’ex-ministre libérale de l’Enseignement supérieur Hélène David, recommande de rehausser le financement de base afin de réduire la proportion des sommes allouées en fonction du nombre d’étudiants, et ainsi rétablir l’équité entre les cégeps, peu importe la taille ou la région. Coût: 68,2 millions $ dès cette année.
Mercredi, le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, a dit accueillir favorablement le rapport, mais ne pas vouloir l’appliquer dans son intégralité.
Il se donne quatre ans pour changer le modèle de financement des cégeps, et refuse de dire si ceux-ci recevront de l’argent neuf dans le prochain budget.
«Je l’ai toujours dit, nos cégeps comme nos universités étaient souvent sous-financés mais mal financés aussi, c’est-à-dire que la formule était inadéquate, s’est-il limité à dire en entrevue. On a l’intention de donner suite, pas en appliquant chacune des recommandations telles quelles, mais en suivant les principes qui ont guidé ces recommandations.»
Pour Bernard Tremblay, le rapport est «indivisible». «Je vois difficilement comment on pourrait faire ce virage-là en plusieurs étapes sans qu’il y ait des cégeps qui soient pénalisés», répond-il.
«Les entreprises crient pour avoir des finissants. Si on n’est pas appuyé, ou si ça se traduit par une diminution de ressources dans certains cégeps, il va falloir qu’on nous explique la logique», a-t-il lâché.
En janvier dernier, à l’occasion des consultations prébudgétaires, la Fédération des cégeps avait également réclamé une augmentation de 140 millions $ du budget global.
Caroline Plante, La Presse canadienne
Source : Journal Métro